Miriam Cahn, Eugène Carrière – schreiender säugling

Vue de l’exposition Miriam Cahn, Eugène Carrière – schreiender säugling
Eugène Carrière, Enfant endormi sur sa mère, circa 1903, huile sur toile, 40 x 32 cm
Eugène Carrière, Portrait de Nelly Delvolvé, circa 1904, huile sur toile, 41 x 33 cm
Miriam Cahn, schreiender säugling (extrait), 2014, diaporama numérique
Miriam Cahn, schreiender säugling (extrait), 2014, diaporama numérique
Miriam Cahn, schreiender säugling (extrait), 2014, diaporama numérique

Eugène Carrière (1849 – 1906) est l’un des peintres les plus singuliers de la fin du XIXe siècle. Aux antipodes des artistes et des mouvements qui animent son époque, il explore un registre serré, dépouillé, tant dans les moyens d’expression que dans le choix des sujets. De sa palette restreinte à un camaïeu de teintes brunes, il brosse des compositions sommaires dont les figures, réduites à l’essentiels, sont modelées par des jeux de clair-obscur. Les formes émergent, presque fantomatiques, d’un fond dénué de décor, de détails, loin de toute description, de toute narration. Ce sont quelques paysages, des natures mortes, de nombreux portraits et surtout l’intimité du foyer. Peintre de l’intime par excellence, Carrière a inlassablement saisi sa femme et ses enfants dans des scènes de genre telles ces maternités dont il donne de multiples variations. 

En regard des toiles d’Eugène Carrière, un diaporama digital de Miriam Cahn donne son titre à l’exposition : schreiender säugling [nourrisson qui pleure]. Composé d’images fixes dont le montage constitue un véritable film, le diaporama montre des sculptures dans divers états. Une tête d’enfant, la bouche béante. Des seins. Le rapprochement de ces deux éléments dans un simulacre d’allaitement. Les sculptures portent encore la trace des mains qui les ont façonnées. Mains de l’artiste qui font irruption sur certaines photographies, tantôt en train de modeler les formes, tantôt les écrasant avec le poing. Une gestualité qui, dans la rencontre ambivalente du corps réel et du corps sculpté, crée, bien au-delà du thème apparent d’un enfant prenant le sein, l’équivoque.