Prinz Gholam – There are Eyes

Vue de l'exposition There are Eyes de Prinz Gholam montrant des sculptures faites de pierres, des masques dessinés aux crayons de couleur et un extrait vidéo de performance
Vue de l’exposition There are Eyes de Prinz Gholam
Vue de l'exposition There are Eyes de Prinz Gholam montrant des sculptures faites de pierres, un masque dessiné aux crayons de couleur et un extrait vidéo de la performance intitulée There are Eyes
Diffusion de la performance intitulée There are Eyes (Prinz Gholam, There are Eyes, 2022, vidéo HD mp4 avec son, 43 min 12 s)
Vue de l'exposition There are Eyes de Prinz Gholam montrant des dessins performatifs réalisés au crayon de couleur
Vue de l’exposition There are Eyes de Prinz Gholam
Dessin performatif du duo Prinz Gholam réalisé au crayon de couleur représentant plusieurs personnages assumant des poses diverses
Prinz Gholam, Pavilion of Wild Pinks, 2021, crayons de couleur sur toile, 215 x 345 cm, signé et daté, unique
Sculptures en pierres collées représentant des visages réalisées par le duo d'artistes Prinz Gholam
Prinz Gholam, Pair, 2021, pierres et colle, 2 éléments, l’ensemble : ca 13 x 53 cm, unique
Masque performatif dessiné au crayon de couleur par le duo d'artistes Prinz Gholam
Prinz Gholam, Blue Hair, 2022, crayons de couleur sur papier, ruban élastique, ca 26 x 26 cm, unique

Formé de Wolgang Prinz (né en 1969) et de Michel Gholam (né en 1963), le duo Prinz Gholam a développé au cours des 20 dernières années une pratique de la performance dans laquelle les deux artistes utilisent leur corps pour réinterpréter des références culturelles très diverses allant de la peinture ancienne à la sculpture en passant par l’art contemporain, le cinéma ou les images médiatiques. Ces stéréotypes culturels, les deux hommes les intériorisent et les incarnent à travers des chorégraphies précises durant lesquelles ils exécutent une succession de poses soigneusement choisies, se déplaçant telles des sculptures vivantes. 

Lente et fluide, donnant à sentir le passage du temps, leur gestuelle ne cherche pas à approcher l’esthétisme d’une chorégraphie dansée. Dans leur alternance entre mouvement et moment de pose, les corps des deux artistes deviennent en effet moins le véhicule d’une émotion que d’une histoire, celle de la représentation du corps. En réinterprétant les images qui composent cette histoire, le duo montre comment nos corps et nos gestes – et avec eux notre identité – sont façonnés par l’assimilation d’un canon culturel dominant.

Chacune des performances de Prinz Gholam s’accompagne d’un processus intense de création de matériel visuel et d’éléments performatifs (vidéos, photographies, objets, installations) au sein duquel la pratique du dessin occupe aujourd’hui une place importante. Les deux artistes conçoivent le dessin comme un champ d’expérimentation dans lequel ils peuvent imaginer et projeter spontanément les gestes, les postures ou les accessoires qui feront partie de leur chorégraphie, ainsi que la manière dont ils entreront en relation. Sur de grands formats réalisés au crayon de couleur, ils mettent ainsi en scène une multitude de figures qui évoluent parfois dans une représentation de l’espace-même où aura lieu la performance. Une constellation de corps en liberté qui annonce la tonalité de cette dernière tout en préfigurant par l’image son processus de réactualisation de l’histoire.

Pour cette nouvelle exposition intitulée There are Eyes, Abraham & Wolff a le plaisir d’exposer des dessins de grand format réalisés à l’occasion de deux performances, L’esprit de notre temps (Mattatoio, Rome, 2021) et Similitude (Punta della Dogana, Venise, 2018), mais aussi une série de masques en papier et de visages composés d’assemblages de pierres qui témoignent de leur pratique multidisciplinaire. Récemment apparus dans le travail de Prinz Gholam, ces objets chargés historiquement et symboliquement que sont les masques sont venus accentuer le hiératisme et la théâtralité de leurs chorégraphies tout en approfondissant leur réflexion sur l’identité. Une recherche à laquelle semblent faire écho ces groupes de visages que les artistes réalisent à l’aide de pierre qu’ils glanent aux quatre coins du monde depuis plusieurs années. La projection vidéo de plusieurs extraits de performances permet au visiteur d’appréhender la relation complexe qu’entretiennent ces différents éléments.